Aujourd’hui on va débuter cette nouvelle rubrique.
Celle des chefs qui nous ont invité à goûter leur cuisine et échanger avec eux, partager leur vison de la cuisine actuelle, de la leur en particulier, leur philosophie, les envies et aspirations culinaires qu’ils ont, leurs enjeux sociaux et locaux…
Alors nous vous proposons de découvrir la cuisine de Benoit Parisot, le propriétaire de l’Eatinérant qui propose une cuisine traditionnelle parfois surprenante, avec des ingrédients sélectionnés le plus localement possible.
Et comme l’Eatinérant est un truck (et oui c’est possible de faire mieux que des burgers, tacos ou pizzas dans un camion !) vous aurez la possibilité d’emporter vos plats ou de manger sur place.
Pour le moment L’Eatinérant navigue dans les alentours de Lons le Saunier (Jura – 39) et Monmorot le midi, et Pannessières le soir si vous avez une petit faim…
Nous avons choisi de manger sur place bien évidement, cela nous a permis d’échanger avec Benoit sur divers sujets comme la difficulté d’avoir accès à certains produits localement : pas toujours évident d’obtenir les quantités nécessaires pour assurer tout le service lorsqu’on a une vraie volonté de travailler localement.
Difficile de dire aux clients « Ok, c’était navarin d’agneau à midi, mais là j’ai plus que des côtes ou de la selle en viande, ça vous va quand même ? »
(En même temps, en Martinique, beaucoup de restaurateurs qui travaillent très localement (contexte oblige) ne se soucient pas de ces problématiques et ils ont certainement raison.
Pour l’avoir vécu plusieurs fois : c’est colombo de cabri ce midi, mais si t’arrives trop tard, t’as plus de bon morceaux de viande mais ce qu’il reste !
– Bonjour, nous voudrions du ragoût de porc, s’il vous plait ?
– Il y en a que pour un, pour l’autre j’ai du lambi !
– Ok eh bien on va prendre ça, merci !
– Bon il va falloir attendre 5 minutes, j’ai plus de pain, je descend en chercher, vous attendez là !
Au début on est un peu désorienté, mais on s’habitue vite 😉 😉
Tout ça pour dire que parfois, on cherche à faire mieux, et encore mieux pour assurer face à la clientèle, malgré les problèmes que ça engendre, mais ce n’est peut être pas la solution.)
D’autres questions ont été évoquées comme : est ce que le tout local est possible ?
Dans une certaine mesure oui, mais c’est difficile : comment obtenir de l’huile d’olive produite ici dans le Jura ? C’est pas trop le climat pour…
Ou tout simplement du café : même si nous avons des torréfacteurs locaux, la production, elle, vient d’ailleurs, il faut en être conscient et ne pas simplement afficher une étiquette tout local.
Nous dirons donc qu’une cuisine 100 % locale est encore assez compliquée à garantir, même si les choses s’améliorent grandement, et Benoit en est un bon exemple avec sa vision culinaire qui l’amène déjà à travailler une majeure partie de ça cuisine avec des produits très locaux, frais et de saison : fruits, légumes, viande pour le bœuf notamment, produits laitiers, pain, huiles, café…
Vous trouverez donc peut être difficilement certains plats chez lui.
Benoit est un chef très chaleureux et accueillant, qui parle très fort (c’est notre gourmette en culottes courtes un peu impressionnée, qui le dit). Son point de vue nous a beaucoup plu, autant dans sa vison de la cuisine, que dans sa réflexion sur certaines problématiques écologiques comme les emballages pour les plats à emporter, l’agriculture intensive… lui qui préfère valoriser les petits producteurs et maraichers de qualité.
Bref une personnes très entière, qui ne mâche pas ces mots, et cela nous a vraiment fait plaisir de découvrir un personne engagé dans sa vision de la cuisine, et d’échanger avec lui tout en goûtant son menu.
D’ailleurs il est temps d’en parler tout en visitant les lieux.
Commençons par monter un peu le truck.
Il est orange et noir, complétement aménagé par une société française.
Quand on ne peut pas faire local, faisons national.
Comme l’enseigne
D’ailleurs rien que la punchline « cuisine locale en mouvement« , on a adoré.
Vu depuis la terrasse.
Allez c’est parti pour le menu du jour :
– Gaspacho de tomates
– Navarin d’agneau
– Crème brulée au chocolat
Comme vous pouvez le constater les tarifs sont tout à fait corrects.
En attendant de commencer le menu et tout en discutant de nos couteaux (on ne se refait pas), Benoit nous fait goûter les huiles locales de l’Arbre à Huile : colza, chanvre, noisette.
Une première pour nous, puisque nous avons pas encore eu l’occasion de les rencontrer.
Super intéressant comme saveurs, surtout la noisette.
On vous l’a dit, nous partageons une certaine passion pour les couteaux de cuisine forgés main.
Alors pendant que Benoit encaisse une cliente qui est venue lui prendre un gaspacho et un dessert, on en profite pour vous montrer (en bas à droite) le nakiri que Thomas Gallice lui a forgé.
(Nous vous avons déjà parlé de Thomas, il nous a préparé un couteau que vous pouvez retrouver dans notre rubrique matériel ICI.)
Pendant que nous parlons des problématiques d’un approvisionnement local, et des belles découvertes que cela apporte, Benoit prépare le gaspacho de tomates pour demain.
Allez c’est parti, il a sorti son bac de gaspacho, on attaque !
Juste après avoir goûté une fleur de brède mafane ou cresson du Pará, une plante qui a une saveur longue en bouche, presque anesthésiante, qui peut être utilisée pour remplacer le gingembre confit au vinaigre pour se laver les papilles avant une dégustation.
Tout d’abord, nous avons été surpris par l’aspect du gaspacho, nous qui sommes habitués à des soupes froides bien lisses, passées au tamis.
Mais le choix de la texture s’est avéré très judicieux vu la température ce jour là (nous sommes en pleine canicule du mois de juillet, et il fait très chaud sur le parking en plein soleil).
En effet le gaspacho à gardé tout sa fraicheur presque glacée, ce qui nous a fait du bien.
La saveur est là, un produit travaillé très naturellement pour notre plus grands plaisir.
Benoit prépare 2 portions de navarin pour une commande.
Cela à d’ailleurs été pour nous l’occasion de discuter de la problématique des emballages à emporter, qui comme nous l’avons vu est un vrai soucis pour Benoit, qui aimerait dans la mesure du possible pouvoir travailler avec de la vaisselle en consigne plutôt que des barquettes jetables.
Alors si vous avez des idées sur le sujet ou que vous avez déjà eu cette démarche, n’hésitez pas à nous mettre ça dans les commentaires de l’article.
Ah voila la préparation de nos assiettes.
L’accompagnement tout local, avec une branche de Persicaria hydropipier, du poivre d’eau.
C’est super bon et ça pique longtemps sans être trop fort.
61 ° : Benoit pense à investir dans des casseroles (fabriquée en Franche Comté) les tiennes ne sont pas photogéniques ;p
Le voici le navarin d’agneau.
La viande est cuite comme il faut, la sauce est agréable, les légumes accompagnent le plat juste comme il faut, tout est nikel, sauf peut être la branche de poivre d’eau qui était de trop copieuse pour nous.
Arrive le moment du dessert. N’étant pas d’accord tous les deux, nous avons fait chacun de notre côté.
Pour Cédric : salade de fruits frais.
Miam c’est frais et ça fait du bien.
Claire a choisi la crème brulée au chocolat, en même temps c’était prévisible…
Ce qui nous a permis de confronter nos points de vue sur le sujet de l‘utilisation du butane ou du propane en cuisine.
D’ailleurs, on en parle longuement dans notre article sur les chalumeaux en cuisine.
L’avis de Claire sur la crème brulée au chocolat : la texture est ferme, juste ce qu’il faut, le chocolat est bon mais pas assez présent à son goût (mais là, c’est très subjectif… 😉 ).
Moment café avec un café de chez Cafés Roger, un torréfacteur local.
Il a beaucoup surpris Claire (en bien), ce qui est assez étonnant.
Ça a été justement le moment d’une longue discussion sur la provenance des produits locaux dont les matières premières ne sont pas toujours vraiment locales.
Un débat très riche.
Maintenant passons à l’arrière du camion pour visiter les coulisses.
Benoit un peu fatigué, en même temps avec la chaleur ce jours là, il devait faire bon à l’intérieur…
Pendant que Benoit nous explique comment son camion est judicieusement aménagé, il en profite pour faire un petit coup de nettoyage.
En même temps, il est bientôt temps pour lui de reprendre la route, pour rejoindre son labo de préparation, où tout est préparé ou presque.
En tout cas, cela a été un très bon moment malgré la chaleur.
Encore merci Benoit pour ton invitation !
Pour conclure, ne vous arrêtez pas au fait qu’il s’agit d’un trucks, vous louperiez quelque chose…
Si vous chercher un endroit sympa pour vos repas à Lons le Saunier, vous pouvez passer rencontrer Benoit à l’Eatinérant, c’est bien fait, local, travaillé comme il faut, savoureux, et mobile !
D’ailleurs pour tout savoir, passez donc voir sa page facebook ou instagram ou bien encore son site : vous y trouverez les différents endroits où il pose son camion, ainsi que le menu de la semaine.
Et oui la carte n’est jamais la même jours après jours.
On en profite aussi pour dire qu’il est possible de privatiser le camion et/ou le chef, et que l’Eatinérant propose également une carte traiteur.
Salut 61 Degrés,